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Vierge à l’Enfant Jésus

Atelier du diptyque de Kremsmünster
Fin du XIVe siècle
Ivoire d’éléphant
H. 21 cm ; L. 5 cm ; P. 7,5 cm
Inv. L.330
Provenance : région du Rhin moyen
Collection Antoine Vivenel
Compiègne
Statue de la Vierge à l’Enfant Jésus
© Benoît Roland, Musée Antoine Vivenel, Compiègne

Cette statuette, représentant la Vierge à l'Enfant Jésus, a été sculptée dans une défense d'éléphant. La légère cambrure antéropostérieure est liée à la nature du matériau d'origine. Ce travail dénote une grande virtuosité de la part du maître ivoirier qui a su intégrer son œuvre à la courbure du matériau.

La Vierge, en robe longue et tête couronnée est assise, portant l'enfant habillé d'une tunique et dressé sur son genou gauche. D'un geste affectueux et confiant, appuyé sur l'épaule de sa mère dont il tient les deux pans du voile croisés sur le haut de la poitrine, Jésus présente de la main gauche un globe assimilable à un fruit (une pomme ?). La main droite de la Vierge est comme prolongée par une sorte de fleuron. L'autre main relève d'un geste élégant le bas de la tunique de l'enfant. Le long manteau de la mère drape le dessus du bras droit et tombe par des plis en V sur la robe, laissant paraître le pied encore visible. Le dos de cette statuette est plat et rythmé par la retombée du voile marial, les plis cassés à la base du manteau et la grande simplicité du siège. Les deux visages expriment une certaine tendresse et l'admiration réciproque par des traits encore insuffisamment individualisés qui préfigurent l'art du portrait. La communication se fait entre les deux personnages par une sorte de complicité que souligne leur degré d'intimité. Le large visage de la Vierge présente une petite bouche perdue dans des joues pleines.

Le sourire est aimable et les yeux plissés en amande soulignent les paupières et les arcades sourcilières. Le thème de la Vierge de tendresse traité ici sans raideur véritable a contribué à rapprocher la Vierge des fidèles grâce à sa grande humanité. La facture recherchée de l'ensemble, silhouette déhanchée et aux gestes précieux, le visage caractéristique de la Vierge aux joues pleines, au nez fin, aux yeux fendus et au menton arrondi travaillés au trépan, ainsi que les drapés lourds et complexes, en retombées tumultueuses ont permis d'attribuer cette œuvre à l'atelier du diptyque de Kremsmünster. M. Gaborit-Chopin, conservateur en chef au département des objets d'Art du Musée du Louvre, réunit sous cette dénomination un certain nombre d'œuvres en ivoire du xiv

e siècle qui auraient été réalisées par des ivoiriers pratiquant un style proche de celui de Paris, dont le fameux diptyque éponyme représentant l'Adoration des mages et le Christ en croix conservé dans le trésor de l'abbaye de Kremsmünster, près de Linz en Haute Autriche et considéré comme une manifestation importante de l' expressionnisme occidental.

Peu de musées français conservent des oeuvres de cet atelier (Musées du Louvre, de Cluny, d'Amiens, de Lyon et de Langres et le Musée Unterlinden de Colmar).

Christine Amiard
Chargée du service des publics

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