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Transi de Guillaume d’Harcigny

Anonyme
1394
Pierre d’Hordain ou d’Avesnes, calcaire beige grisâtre comportant de nombreux fossiles et des grains de glauconie vert foncé
L. 1, 84 m ; l. 55,5 cm ; poids: 200 kg
Inv. 61.226
Provenance : Laon, tombeau, dans l’église des Cordeliers
Laon
Transi de Guillaume d’Harcigny
© Mélanie Demarle © Musée d’art et d’archéologie, Laon

Le tombeau de Guillaume de Harcigny qui se trouvait dans l'église des Cordeliers de Laon, a été détruit au cours de la Révolution. Seule la sculpture le représentant en transi, réalisée, comme il l'avait demandé dans son testament, un an après sa mort, en 1394, a été conservée. Grâce à la reconnaissance des Laonnois envers le médecin, bienfaiteur de la ville, la sculpture représentant Guillaume fut sauvée, enfouie dans le sol de la cathédrale de Laon en 1791. En 1841, le transi est exhumé, puis, en 1853, le conseil de fabrique de la cathédrale en fait don au musée de la ville. Guillaume a reçu une solide formation théorique à la faculté de médecine de Paris où il fut reçu maître. Il a acquis une expérience pratique au cours de voyages en Syrie, en Palestine, en Égypte et en Italie. Né autour de 1300-1310, il est déjà fort âgé au moment où, en 1392, il est appelé au chevet du roi Charles VI atteint par une maladie mentale.

Le gisant représente les défunts reposant vêtus du costume qui les caractérise : abbés, chevaliers, dames… Le transi est une sculpture funéraire qui montre le défunt à l'état de cadavre. Le choix de ce type de sculpture peut s'expliquer en raison de la personnalité du défunt, un médecin, qui a pu souhaiter léguer à ses confrères une occasion d'étudier un cadavre. C'est aussi toute la société qui est durement confrontée à la mort dans ses aspects les plus rudes avec les épidémies de peste, les famines et la guerre pendant tout le XIVe siècle.


Le transi est taillé dans un monolithe, sculpté en semi ronde-bosse, dans une position très rectiligne et avec une symétrie axiale presque parfaite. La dépouille d'un homme de haute taille et de corpulence mince est allongée sur une dalle trapézoïdale, les bras le long du corps et les mains l'une sur l'autre, posées sur le bassin. Les pieds sont appuyés sur un Pan trapézoïdal en pierre, perpendiculaire à la dalle. Le visage du défunt est très émacié, laissant apparaître les os et les muscles de la face; sa chevelure ondulée présente un traitement très fin. La cage thoracique montre les côtes, le reste du corps à conservé son enveloppe de peau sur une masse musculaire dénuée de graisse. La glauconie minérale verdâtre inclus dans le calcaire sous forme de zones sombres évoque les lividités du cadavre certainement volontairement.

Caroline Jorrand
Conservateur en chef du patrimoine

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