La Crucifixion

Anonyme
Vers 1260
Plomb, verre
H. 54 cm ; L. 43 cm
Inv. M.P.992.4.2
Médaillon, fragment de baie, vitrail
Provenance : chapelle Saint-Jean de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais ?
Coll. A. Maignan, legs 1908.
Amiens
Vitrail representant La Crucifixion
© Jean-Louis Boutillier, Musée de Picardie, Amiens

Ce vitrail est un fragment de verrière provenant vraisemblablement de la chapelle Saint-Jean de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais.
La technique du vitrail est une invention du Moyen Age, mise à profit pour clôturer les baies des édifices. Elle consiste à l'origine à faire un tableau représentant une histoire tirée des Ecritures ou illustrant la vie des saints, avec des morceaux de verre, teints dans la masse, découpés puis reliés entre eux par un réseau de plomb. Certains détails sont apposés après coup, sur le verre déjà coloré, pour apporter relief et volume. Pour cela, on utilise la grisaille, sorte de peinture que l'on applique sur le verre et qui, par une deuxième cuisson à plus basse température rend la surface de celui-ci malléable et permet sa fixation. Celle-ci, passée plus ou moins diluée, permet des effets d'intensité lumineuse, du plus clair au plus sombre, selon l'épaisseur de son trait. C'est avec la grisaille que sont rendus les traits, les volumes des visages, des cheveux, des plis du drapé des vêtements, des motifs ornementaux, etc.
La scène représentée ici est la Crucifixion : le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean. La composition est très commune.


Malgré les différences de présentation visuelle entre les figures hiératiques des saints évêques, provenant également de Beauvais et conservés au Musée de Picardie, et les participants à la narration de la Crucifixion, la peinture des trois panneaux est caractérisée par le même style spontané, libre, sobre et énergique. Il apparaît clairement que, très probablement, ces trois panneaux ont été réalisés par le même atelier.


Néanmoins la tête du Christ fut ici remaniée vers le XIVe siècle, comme l'indique l'emploi du jaune d'argent pour représenter la barbe et la chevelure. La couleur « jaune d'argent » est obtenue par des sels d'argent contenus dans de l'ocre et généralement passée au revers des pièces de verre. Appliquée sur des verres teintés dans la masse, elle modifie et multiplie par transparence les effets colorés. Sur un verre bleu, on obtient un vert, ou bien encore sur un verre vert clair, ce dernier devient plus foncé. Grâce à cette technique, on peut désormais varier les couleurs sur une même pièce de verre sans la découper et sans la séparer par un plomb. Cela permet d'alléger les formes, de limiter l'usage des plombs pour obtenir une plus grande lisibilité du vitrail et, de ce fait, une plus grande clarté dans l'édifice. C'est une innovation qui va révolutionner non seulement la technique de fabrication des vitraux, à partir du XIVe siècle mais également introduire des développements esthétiques nouveaux.
La bordure inférieure est, quant à elle, un « remontage antiquaire » du XIXe siècle. On entend par là l'assemblage avec des plombs modernes de morceaux anciens de vitraux de façon factice et aléatoire.

Françoise Lernout
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif des musées d'Amiens, Pascale Guy et Françoise Morel

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Compléments pédagogiques

Saint-Ouen
Vers 1260
Médaillon, fragment de baie, vitrail
H. 54 cm ; L. 43 cm
Provenance : chapelle Saint-Jean de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais
Coll. A. Maignan, legs 1908
Inv. M.P.2006.4.13
Amiens, Musée de Picardie
L'évêque saint Rémi
Vers 1235
Médaillon, fragment de baie, vitrail
H. 54 cm ; L. 43 cm
Provenance : chapelle Saint-Jean de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais ?
Coll. A. Maignan, legs 1908
Inv. M.P.992.4.3
Amiens, Musée de Picardie