L’Arbre de Vie

Séraphine LOUIS dite SERAPHINE DE SENLIS (Arsy, 1864 - Clermont de l'Oise, 1942)
1928
Huile et Ripolin® sur toile
H.1 44 cm ; l. 112 cm
Inv. A.00.6.187
Senlis
Tableau L’Arbre de Vie
© Christian Schryve © Musées de Senlis

Quatrième enfant d'un couple modeste, orpheline à sept ans, Séraphine Louis (1864-1942) entre à dix huit ans comme domestique au couvent de la Charité de la Providence à Clermont-de-l'Oise où elle reste jusqu'en 1901. De ces débuts, elle conserve une empreinte religieuse forte, de la Vierge surtout, qui lui aurait inspiré sa vocation d'artiste. En 1906, elle s'installe à Senlis où elle travaille pour des familles bourgeoises. À la pointe de l' avant-garde, le critique, collectionneur et marchand d'art allemand, Wilhelm Uhde (1874-1947) qui habite aussi Senlis, l'engage comme employée de maison. Il découvre qu'elle peint. La première guerre mondiale (1914-1918) les sépare. Il ne la retrouve qu'en 1927, alors qu'il réside à Chantilly. Interloqué par ses œuvres, Uhde décide de l'aider. Séraphine peut désormais se consacrer à la peinture. Touché par la crise de 1929, Uhde cesse de la soutenir. A la suite d'une crise de folie, le 31 janvier 1932, Séraphine est internée à l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise. Elle cesse de peindre.

Séraphine ne donnait pas de titre à ses tableaux. Celui-ci a été choisi par Wilhelm Uhde et par sa sœur, propriétaires de la toile, soucieux de lui donner une dimension sacrée.
Selon la Genèse, un Arbre de Vie est planté dans le jardin d'Éden, à côté de l'Eden, lieu où Adam et Ève furent créés par Dieu.

Ce dernier défend à Adam de consommer les fruits de cet arbre, et l'avertit que s'il croque un seul morceau des fruits défendus, il mourra « certainement ». Mais, sous l'influence d'Eve, il y goûta et avec elle fut chassé du Paradis. Le fruit défendu n'étant pas décrit dans le texte biblique, et de fait l'Arbre de la Connaissance du bien et du mal a été assimilé à différentes essences, en particulier un pommier. Arbre de la Connaissance, il est le symbole de la vie éternelle. On le retrouve au début du livre de l'Apocalypse. Sur un fond vert, beige et bleu se déploie un arbre de forme ronde pourvu de racines. Ses feuilles, aux dominantes rouges et bleues, se redressent graduellement et couvrent presque toute la surface de la toile. Elles sont ornées de longues touches colorées qui semblent être inspirées de plumes. Des petits points blancs rehaussent et animent cette composition. Séraphine ne s'applique pas à représenter une variété d'arbre particulière, elle imagine une flore foisonnante et colorée.
La technique de Séraphine reste un mystère. On sait que cette autodidacte maîtrisait parfaitement le maniement compliqué de la peinture à l'huile. Elle fabriquait aussi ses propres couleurs à partir d'une peinture industrielle, le Ripolin. Personne n'a encore percé le secret de ses mélanges. Séraphine fixe sur la toile sa « réalité intérieure », empreinte de son attachement à la nature. De nombreux symboles ont été recherchés dans sa peinture, aussi bien sur le plan spirituel que psychanalytique.

Conservation des musées de Senlis
Avec le concours du service éducatif du château de Pierrefonds, Jerôme Jue

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