Espaces Marins

Alfred MANESSIER (Saint-Ouen,1911 - Orléans-La Source,1993)
1991
Huile sur toile
H. 4 m ; L. 2 m
Dépôt de Christine Manessier et Jean-Baptiste Manessier en 2009
Abbeville
Tableau Espaces Marins
© Estelle Carpentier, mairie, Abbeville - ADAGP Paris 2015

Après une enfance dans la Somme, Alfred Manessier rejoint la capitale à l'âge de 20 ans, où il étudie dans la section architecture de l'Ecole nationale des Beaux Arts et au sein de l'Académie Ranson en 1934. Dans un premier temps, il peint des natures mortes et des paysages et s'exerce à la copie d'œuvres de maîtres comme Rembrandt, Titien ou Renoir.
Mais c'est dans la « non figuration » que la carrière de l'artiste connaît son essor, notamment suite à un séjour à Trappe, en 1943, où Alfred Manessier se convertit au catholicisme. Dès lors, il dote ses œuvres d'un contenu spirituel en traitant des thèmes religieux ou des événements politiques avec une touche plus exaltée et une couleur véhémente. Artiste polyvalent, il réalise des lithographies, des cartons de tapisseries, des émaux ou encore des vitraux. En effet, Alfred Manessier fut l'auteur des premiers vitraux non figuratifs posés dans une église, pour celle des Bréseux (Doubs) ou encore pour l'église du Saint Sépulcre d'Abbeville. Il est considéré comme le successeur de Georges Rouault (1877-1958).
Depuis son enfance, Alfred Manessier fut imprégné par les paysages de la Baie de Somme. Il se consacre essentiellement à l'étude de leur lumière et reflets, y décernant un caractère spirituel. Selon ses propres termes : «Je voyais la Baie de Somme comme une lumière, comme un miroir réfléchi du ciel sur le sable mouillé.».

En effet, l'eau reflète des ciels en perpétuel changement, rendant flous les contours des éléments qui le composent et exposant une lumière en constante évolution.
Les Espaces Marins sont l'une de ses dernières compositions autour de ce thème. Il y aborde un format qui lui est caractéristique. Dans Les Offrandes d'Alfred Manessier, film tourné par Gérard Raynal, l'artiste aborde l'œuvre : « J'avais fait les marais, j'avais fait les hortillonnages, et au bout j'ai retrouvé la baie de Somme. J'ai suivi le cours de l'eau, et l'Espace marin est en même temps une toile qui ferme, puisque je me retrouve enfant devant cette immensité, et en même temps c'est une toile qui ouvre parce que j'ai dû simplifier ma palette, j'ai dû inventer une technique mate que je n'avais pas encore employée qui est une chose nouvelle, je crois, et ces toiles peuvent ouvrir j'espère, [sur] une nouvelle façon d'envisager la peinture. » Dernières déclinaisons de la baie de Somme en trois variations monumentales, les Espaces Marins ont clôturé la rétrospective de l'artiste en 1992 au Grand-Palais.

Caroline Jame
Avec le concours du service éducatif du musée d'Abbeville, Laurent Lombard

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