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Châsse-reliquaire

Anonyme
Limoges, vers 1190-1200
Cuivre champlevé, émaillé et doré
H. 18 cm ; L. 16 cm ; l. 8,3 cm
Inv. L.2975
Compiègne
Châsse-reliquaire
© Benoît Roland, Musée Antoine Vivenel, Compiègne

Cette châsse-reliquaire possède une âme de bois et huit plaques émaillées constituant chaque face de la caisse et du toit. Le décor présente un programme iconographique traditionnel de la Crucifixion entre deux saints. Sur le rampant du toit, des saints en pieds encadrent un saint personnage dans une mandorle. Les pignons sont occupés par deux figures de saints. Le revers quant à lui est décoré d'un motif de rosaces émaillées. La crête de faîtage est décorée de trois boutons d'émail et comporte trois acrotères et une croix.
Le bleu foncé et le bleu clair, le blanc, le vert, le jaune et le rouge constituent la gamme chromatique des émaux utilisés sur cette châsse. Cet objet était destiné à contenir des reliques, sa clef est d'origine.

Le terme champlevé se rapporte à l'épaisseur du métal gravé en creux et enlevé; ce même terme est aussi en relation avec la surface du métal laissée en réserve et donc « levée » par rapport aux fonds abaissés. L'émail champlevé s'applique majoritairement sur le cuivre, moins cher et plus abondant, et, dans de très rares cas sur du fer.

Au XIIIe siècle, « l'œuvre de Limoges »connaît un grand succès et est exporté dans toute l'Europe occidentale. Une des raisons est le faible coût de ces cuivres émaillés.

De ce fait, les églises peu fortunées pouvaient acquérir les objets indispensables au décor de l'autel : croix et chandeliers, et ceux nécessaires au culte: calices, ciboires, pyxides, encensoirs, gémellions et reliures de livres liturgiques. Les ateliers de Limoges fabriquent aussi un nombre important de châsses, aux dimensions variées et illustrant les principaux épisodes de la Bible ou de la vie du saint dont elles conservent les reliques. La forme de ces coffrets évoque de petits édifices avec des pieds bas, un toit à double pente et des éléments de faîtage.


Pour répondre à une demande croissante, les ateliers de Limoges adoptent des procédés et des modes de fabrication permettant une exécution plus rapide. Alors que sur la plupart des œuvres romanes les figures étaient émaillées de couleurs variées, les artistes, désormais, décident de réserver les figures dont les détails sont gravés et d'émailler les fonds de motifs simples et répétitifs tels que des rosettes ou des rinceaux à fleurons. D'autre part, certains éléments sont fabriqués à part dans un moule puis fixés par des rivets. De petites têtes fondues dans le même moule, ou du moins d'après le même modèle, sont produites en série et appliquées sur un grand nombre d'œuvres de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècle.

Le cuivre a la faculté d'opacifier l'émail à son contact lors de la cuisson. Les émailleurs limousins du Moyen âge ont repris ce procédé et développé leurs talents en utilisant un émail opaque à base d'oxyde d'étain. Les couleurs principales des émaux champlevés composées d'oxydes métalliques, principalement de cobalt, de cuivre et d'étain, sont le bleu foncé ou clair, le noir, le rouge plus ou moins brun ou orangé, le jaune, le blanc et le vert allant jusqu'au turquoise. Cette palette de couleurs, les scènes narratives, l'abondance et la diversité des pièces fabriquées ont fait le succès des émaux limousins.

Christine Amiard
Chargée du service des publics

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