Retable d’Anvers
Cette sculpture de cavalier fait partie d'un ensemble de vingt cinq éléments conservés au Musée d'art et d'archéologie de Senlis. Ces reliefs proviennent d'un retable en trois parties représentant l' arbre de Jessé, des scènes de l'enfance du Christ et la Passion. Ils ont été réalisés à Anvers dans les années 1520. Cette ville produit et exporte dans toute l'Europe des centaines de retables au début du XVIe siècle. Au Moyen Âge, le retable, ornement surmontant l'autel, a une fonction décorative et une fonction d'enseignement : il sert de support visuel à la dévotion collective. Il évoque également la présence divine au sein de l'église.
la Passion constitue le thème central des retables anversois. Le cavalier était certainement intégré dans le compartiment représentant la scène de la Crucifixion. De profil, l'homme est richement vêtu d'une tunique dorée aux larges manches courtes ornées de languettes. Son costume pittoresque s'inspire de l'Orient : les manches de sa chemise sont bouffantes, il est coiffé d'un turban et porte à la ceinture un cimeterre, arme à large lame courbe. Les sculpteurs anversois aiment à forcer le trait de leurs personnages. Le gros nez retroussé, les larges oreilles et les imposantes moustaches noires donnent un caractère burlesque à notre cavalier. La posture et la tête de son cheval accentuent l'aspect bouffon de l'ensemble.
La polychromie met en valeur le goût des ateliers anversois pour la caricature.
Elle souligne les larges yeux du personnage au teint rose vif. L'éclat de la dorure anime le drapé épais et rigide de la tunique. Les traits caricaturaux, les vêtements aux accents pittoresques et la vivacité de la polychromie donnent à ce cavalier une physionomie très cocasse.
Conservation des musées de Senlis
Avec le concours du service éducatif du château de Pierrefonds, Jerôme Jue
Compléments pédagogiques