Relâche n° 9
Comparaisons :
Œuvres de l’artiste : Paris, Mnam, Centre Georges Pompidou.
Œuvres analogiques : série des Relâches, collections privées.
Fils d'un industriel français, travaillant dans l'entreprise familiale, il ne se consacrera entièrement à l'art qu'à partir de 49 ans. Pourtant il travaille dès l'immédiat après-guerre et cherche une synthèse entre abstraction et figuration héritière des travaux de Malevitch, puis de Mondrian et Théo Van Doesburg. Il se passionne alors pour le travail développé en Suisse par Max Bill autour de l' art concret.
Il est très proche en France du travail que développent les artistes François et Vera Molnar.
Lors de l'éclosion des mouvements minimaux puis conceptuel dans les années soixante, cela fait déjà dix ans que François Morellet travaille ses séries combinatoires à partir de grilles puis de carré. Paradoxalement, ce n'est que lors de la découverte des mouvements anglo-saxons que la critique internationale s'intéresse à son travail, demeuré jusque-là confidentiel, pour le rapprocher des recherches, pourtant postérieures de dix ans, de Sol LeWitt notamment. A partir de juillet 1960, il cofonde le GRAV, groupe de recherche en Arts Visuels, avec les artistes Joël Stein et Jean Pierre Ivaral (Français), Horatio Garcia-Rossi et Julio le Parc (Argentins), et Francisco Sobrino (Espagnol); son travail est alors assimilé aux recherches cinétiques. Pourtant la préoccupation de François Morellet dépasse la recherche de simples effets optiques, et lors de la dissolution du groupe en 1968, il poursuit sans faiblir une recherche très personnelle autour des mathématiques et du langage.
Démarche qui ne s'est jamais démentie et démontre l'incroyable potentialité de la géométrie, dont il poursuit l'exploration, dans une œuvre sérielle dont chacune des variables est pourtant incroyablement neuve. Son œuvre très diverse se développe pourtant quasiment tout entière dans le champ de l'abstraction. Elle se caractérise notamment par l'emploi fréquent du néon permettant de faire entrer la lumière comme une partie intégrante de l'œuvre.
Dès lors que son travail est reconnu , François Morellet est l'un des rares artiste français de sa génération à avoir été le mieux suivi et acheté par les grandes institutions françaises .Quelques cent vingt œuvres illustrent sa démarche notamment à Paris, au Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, et dans les grandes institutions d'art contemporain en France (musées et Fonds régionaux d'art contemporain). Son entrée dans le parcours des collections fait écho au Wall Drawing N° 711, la commande publique faite à Sol LeWitt en 1992. Ces deux œuvres sont exactement contemporaines dans la démarche des deux artistes. Chacun explique comment ces deux œuvres constituent un développement baroque dans leur travail, auparavant plus radical; notamment par la présence et la diversification de la couleur d'abord et par la volonté de déplacer, voire de gommer, les repères autrefois cloisonnés, entre dessin, peinture, bas-relief, et architecture. Ces deux œuvres viennent à la fois enchanter l'espace, questionner et perturber le spectateur habitué à classer les œuvres dans des domaines jusque là cloisonnés de manière étanche.
Sabine Cazenave
Conservateur en chef du patrimoine
Avec le concours du service éducatif des musées d'Amiens, Pascale Guy et Françoise Morel
Compléments pédagogiques