Paysage
Les peintres du mouvement réaliste, dont le chef de file fut Gustave Courbet, préfèrent les grands formats, jusqu'ici réservés à la peinture d'histoire, pour présenter des scènes de la vie contemporaine : les Réalistes confèrent une dignité nouvelle aux thèmes considérés comme subalternes dans la hiérarchie des genres. Le travail moderne, la vie quotidienne, la nature morte, le paysage et le portrait prennent une force authentique. Dans cette petite toile, Courbet met à l'honneur la nature, c'est elle le sujet principal du tableau.
Il s'agit d'un paysage rocheux et verdoyant habité par un seul arbre peint au centre de la composition. Au premier plan, sur la gauche, des rochers de plus ou moins grande taille occupent le devant du paysage. Derrière, au second plan, un arbre au feuillage abondant projette son ombre sur le sol, une ombre qui prolonge la masse sombre des rochers. À l'arrière-plan, on découvre une étendue verte qui descend. Ce terrain verdoyant est parsemé de plusieurs rochers plus petits et plus clairs (couleur craie) que ceux du premier plan ; plus clairs puisque peints en pleine lumière. Le ciel, sur lequel se dégage la partie supérieure de la frondaison de l'arbre, est d'un bleu céleste ponctué de quelques petits nuages blancs disséminés ici ou là.
La composition est simple, mais déséquilibrée.
Sur la gauche, la masse compacte des rochers qui occupent pratiquement toute la hauteur de la toile alourdissent l'ensemble, tandis que le paysage verdoyant peint à l'arrière plan ouvre l'espace sur la droite.
L'arbre situé entre les deux, au centre de la toile, tempère ce déséquilibre et introduit un axe vertical, même si le tronc de cet arbre penche vers la droite. Le centre de la composition se situe juste au-dessus du tronc d'arbre, à la naissance du feuillage. Le sujet de cette toile, c'est la nature matérialisée par cet arbre qui capte le regard du spectateur au premier coup d'œil. La surface picturale consacrée à la représentation du ciel est d'ailleurs restreinte comparée à celle accordée à la représentation de la végétation et des rochers.
Courbet cherche des empâtements qui traduisent chaque matière, chaque texture. Il aime à employer le couteau qui laisse de larges coulées de pâte picturale, qui maçonne le tableau comme l'ouvrier maçonne le mur. Son réalisme ne réside pas uniquement dans le sujet, mais trouve un équivalent dans la pratique du métier, dans la conception même de son art.
Bibliographie :
D. Roussel (dir.), Guide des collections de peintures, éd. Musée de Soissons-ADMS 2008, p.84-85.
Dominique Roussel
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif du musée de Soissons
Compléments pédagogiques