Orphée charmant les animaux
Dans les campagnes, les riches propriétaires gallo-romains possédaient de fastueuses résidences appelées « villa » dont le sol était souvent revêtu de mosaïques.
La mosaïque de Blanzy-lès-Fismes décorait une cour ouverte autour d'une fontaine circulaire. Le bassin, plaqué de marbre, mesurait trois mètres de diamètre et un mètre de profondeur et recueillait l'eau d'une source. Le bassin était entouré d'un pavement rectangulaire de dix mètres de long sur sept mètres de large. La scène représentant Orphée invente la cithare ou reçoit d' Apollon la lyre à sept cordes et en ajoute deux, atteignant ainsi le nombre des muses, neuf. Son chant charmait les dieux et les mortels, apprivoisait les Fauves.Orphée charmant les animaux est la mieux conservée. On retrouve fréquemment ce thème sur les mosaïques décorant des fontaines ou des thermes.
La technique de cette mosaïque caractérise des ateliers d'Italie ou d'Afrique du Nord et il est probable que le propriétaire ait fait venir une de ces équipes de ces pays pour la réaliser.
La scène représentée dégage une impression de paix et d'harmonie : les animaux sauvages qui entourent Orphée n'ont pas peur les uns des autres. Ils sont devenus inoffensifs par le charme de la musique du grand poète légendaire de la Grèce, inspiré par les muses et par Apollon. Orphée, vêtu du costume thrace, portant le bonnet phrygien, est installé comme pour un concert.
Il est assis, encadré par les arbres qui se rejoignent au dessus de lui et où sont perchés des oiseaux, les pieds reposant sur un tapis (?); la cithare à neuf cordes est posée sur une table et il utilise un plectre pour faire naître les sons. La scène symbolise la victoire de la culture sur la nature sauvage.
Caroline Jorrand
Conservateur en chef du patrimoine
Compléments pédagogiques