La vasque de l’Académie de France à Rome
Depuis la Renaissance, le voyage en Italie s'est souvent imposé comme une nécessité aux artistes, leur permettant de voir et de copier les trésors artistiques antiques ou modernes de la Péninsule. Cet intérêt se traduit en 1666 par la création de l'Académie de France à Rome et du Prix de Rome récompensant les artistes les plus méritants en leur offrant un séjour sur place.
Les paysagistes de la fin du XVIIIeet du début du XIXe siècle, soucieux de traduire avec des accents plus réalistes le pittoresque des sites et les variations des effets de lumière, à l'exemple de Valenciennes (1750-1819) ou Michallon (1796-1822), n'échappent pas à cette attraction.
Le jeune Corot se rend une première fois en Italie en 1825 et y séjourne trois ans, non pas dans le cadre réglementé de l'Académie, mais en autodidacte, travaillant librement avec d'autres artistes français et étrangers, à Rome et dans la campagne des environs, multipliant les études sur le motif. La vasque située en façade de la villa Médicis, siège de l'Académie de France depuis 1803, est alors un lieu de promenade recherché par la vision majestueuse qu'il offre sur la ville éternelle en contrebas.
Corot représente le site d'un point de vue original, situé très bas, ce qui renforce la monumentalité de la vasque encadrée de deux arbres majestueux, un prêtre se détachant à peine du tronc de l'un deux.
Ce premier plan, à l'ombre, traité avec une gamme subtile de tons verts et bruns contraste fortement avec l'arrière plan illuminé d'ocres et de roses, dominé par la coupole de Saint-Pierre. Par cette vision synthétique, empreinte à la fois d'une rigueur de construction classique et d'un rendu sensible des matières et des effets de lumière, Corot s'affirme comme un maître de la peinture de paysage.
Richard Schuler
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif du musée départemental de Beauvais, Aurélien Dupont
Compléments pédagogiques