AccueilArts et éducationL’Action courageuse d’Eustache de Saint-Pierre au siège de Calais

L’Action courageuse d’Eustache de Saint-Pierre au siège de Calais

Jean-Simon BERTHELEMY (Laon, 1743-1811)
1779
Huile sur toile
H. 3,40 m ; L. 3,37 m avec le cadre
Inv. 990.1755
Dépôt de l’État en 1852, propriété transférée à la ville de Laon en 2006
Laon
tableau
© Musée d’art et d’archéologie, Laon

Cette peinture, réplique de l'œuvre de 1777, commandée pour le roi, devait faire partie d'une suite de tableaux désignée sous le nom de Tenture de l'histoire de France que la Révolution ne permit pas d'achever. Le Siège de Calais échappa aux destructions révolutionnaires malgré son sujet déplaisant pour les idées républicaines d'alors : un despote attendri par les larmes d'une reine.
Le sujet est ainsi exposé : « Édouard III, Roi d'Angleterre, ayant réduit la ville de Calais à la dernière extrémité exigea qu'on lui livrât six des principaux habitants pour être mis à mort. Eustache de Saint-Pierre se dévoue pour sauver la vie de ses concitoyens et cinq d'entre eux suivirent son exemple. Ils vinrent tête et pieds nus, la corde au cou, remettre les clefs de la ville aux pieds du Roi ».
La composition se divise en deux groupes antagonistes. À gauche, Édouard III décidé à faire exécuter les bourgeois de Calais. Au centre, la reine, son épouse française, agenouillée, sollicite sa clémence. À sa droite, Eustache de Saint-Pierre mène le groupe des bourgeois de Calais prêt à mourir. Les sentiments de chaque acteur de ce drame se lisent dans la gestuelle des personnages et sur leurs visages. La composition les relie de main en main : le fils tend des mains suppliantes vers son père qui désigne les clefs de la ville, la reine tend une main vers le roi, l'autre vers les condamnés. Eustache de Saint-Pierre tend les clefs vers le roi.

L'intensité dramatique de la scène est également accentuée par une diagonale maîtresse qui naît en haut à gauche à l'extrémité des deux lances, et passe par les têtes du roi et de la reine pour arriver à la main d'Eustache de Saint-Pierre qui désigne les clefs de la ville. Cette diagonale passe par les éléments symboliques et moteurs de la scène narrée : les lances sont le symbole de la guerre; Édouard III en est le vainqueur; la reine représente la clémence et Eustache de Saint-Pierre l'image de Calais, la ville vaincue.


La gamme des coloris utilisée est riche. La cape rouge sur l'armure noire brillante du roi s'oppose au bleu du manteau d'Eustache de Saint-Pierre et la blancheur de la robe de la reine ainsi que sa chevelure blonde vient équilibrer l'ensemble. Le style de l'œuvre est bien dans le goût de l'époque au moment du passage du style rococo au néoclassicisme pratiqué par l'Académie depuis 1775.

Caroline Jorrand
Conservateur en chef du patrimoine

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