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Invitation au jeu d'argolla

Pedro NUÑEZ de VILLAVICENCIO (Séville, 1640 - Séville, 1695)
Vers 1675
Huile sur toile
H.172 cm ; L.120 cm.
Inv. L.13-B.24
Don Antoine Vivenel
Compiègne
Tableau Invitation au jeu d'argolla
© C. Schryve, Musée Antoine Vivenel, Compiègne

Pedro Nunez de Villavicencio compte parmi les membres fondateurs de l'Académie de dessin de Séville en 1660. L'amitié avec Esteban Murillo suffit à expliquer son attrait pour la scène de genre enfantine. En fait, ce thème fut peu imité par les autres peintres espagnols, mais très apprécié notamment dans les Flandres. Le tableau présente deux enfants  dans un paysage champêtre. Le premier, tête nue, débraillé, à terre, paraît inviter le second à jouer aux boules en sa compagnie. Celui-ci, chapeauté, chaussé de sabot, même si modestement vêtu, contemple les boules étalées devant lui. Il tient à la main un pichet. Certainement envoyé aux commissions, il vient d'être arrêté par l'invitation et paraît hésiter à continuer son chemin.
La toile du musée de Compiègne est une réponse directe à l'Invitation au jeu d'argolla, peint par Murillo, vers 1670, toile conservée à la Dulwich Gallery de Londres. Elle apparaît donc comme la plus ancienne scène de genre de Núñez de Villavicencio, donc la plus proche de son ami et maître... Cependant, il adopte un fond de paysage et non la base d'un mur et se place d'un point de vue légèrement plus haut que Murillo. Ses figures sont plus calmes, plus raffinées mais moins caractérisées que celles de Murillo, plus picaresques. On en peut deviner les pensées de l'enfant debout et quant à l'enfant assis, nul sourire n'épanouit la face. La rencontre est moins vive.

Sur celle de Murillo, le jeune garçon debout mange lentement son pain en s'interrogeant tout comme le chien, alter ego de l'enfant. Le jeu est davantage précisé : l'argolla, ancêtre du criquet. Le peintre évoque, au travers de cette scène de genre, le thème de la tentation : l'enfant assis désigne les boules, tandis que celui de Murillo joue et se retourne, sa tenue forme un réel contraste avec celle de son compagnon de hasard, pourtant tout aussi humble. L'accentuation de ces différences souligne la morale implicite de la scène : le choix entre le devoir et le plaisir et les conséquences positives et négatives dudit choix. Le public se voyait donc proposer une allégorie de la lutte entre le vice et la vertu, une leçon de morale, sous couvert d'une scène de genre tirée du monde aimable de l'enfance.

Christine Amiard
Chargée du service des publics

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