Biface acheuléen
Carrière Fréville en 1897
Cette pièce est issue du célèbre gisement préhistorique de Saint-Acheul, un faubourg d'Amiens. Une quinzaine de gravières ouvertes entre le milieu du xixe siècle, et le début du xxe siècle, ont livré environ 20 000 bifaces, un silex taillé sur les deux faces.
A ce gisement sont associés des noms célèbres : le géologue Dutilleux en 1853, le docteur Rigollot, le géologue Albert Gaudry en 1859, Victor Commont entre 1895 et 1918. Ils ont établi de manière officielle la grande antiquité de l'humanité, confirmant ainsi les travaux d'un autre Picard, Boucher de Perthes à Abbeville (1847).Une nouvelle discipline était née : la préhistoire. C'est ainsi que fut définie pour la première fois une des plus anciennes civilisations de l'histoire de l'humanité : l' Acheuléen.
Gabriel de Mortillet, en 1872, désigne par De Saint Acheul, près d'Amiens. Cette industrie lithique découverte en 1854 se caractérise par de belles pièces à taille bifaciale, à section plus ou moins biconvexe, pointues et approximativement en forme d'amande. Prédomine surtout durant le Paléolithique ancien.(-400 000 -300 000)Acheuléen tout outillage de pierre comparable à celui découvert dans les graviers de la moyenne terrasse de Saint-Acheul, cette industrie se caractérisant par l'abondance des bifaces. L' Acheuléen est représenté aujourd'hui un peu partout dans le monde, à l'exception de l'Amérique et de l'Australie, toutes deux colonisées plus tardivement.
Caractéristique du Paléolithique ancien, cet outil, le biface, est un excellent « marqueur » chronologique et culturel.>
Le biface est le premier objet vraiment façonné que l'on connaisse, la première recherche d'une forme totalement inventée par l'homme. Il mesure entre 5 et 30 cm, il existe sous différentes formes, une vingtaine : amygdaloïdes (en forme d'amande) cordiformes (en forme de cœur), lancéolés (en forme de lance), en limande, etc. Le biface ici représenté est plat, de forme elliptique, taillés sur les deux faces, au percuteur de pierre pour dégrossir le rognon du silex, puis avec un rondin de bois dur pour travailler les pourtours, la finition s'effectuant avec un bois de cerf le plus souvent. L'étude des microtraces d'utilisation sous binoculaire à fort grossissement et l'archéologie expérimentale (sur la taille du silex) permettent de préciser que les bifaces ne sont pas des armes, mais sont utilisés plutôt pour le travail du bois et le dépeçage du gros gibier, l'outil à tout faire de l'époque. Cet outil détient le record de longévité : jamais, dans toute l'histoire, les hommes n'ont fabriqué un même outil pendant un temps aussi long.
Bibl. : J.-P. Fagnart, « Aperçu sur la préhistoire et le Quaternaire de la région d'Amiens », L'archéologie à Amiens de la préhistoire à la ville gallo-romaine, Amiens, Musée de Picardie, collections 4, pp. 4 à 15, photo p. 6.
Noël Mahéo
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif des musées d'Amiens, Pascale Guy et Françoise Morel
Compléments pédagogiques