Biface "abbevillien"
L'homme, il y a plusieurs centaines de milliers d'années a vécu sur les bords de la Somme nous laissant pour seules traces de son passage ces innombrables silex taillés qui composent l'essentiel de son outillage. C'est aux portes d'Abbeville que va s'imposer peu à peu la notion de très grande antiquité de l'homme. Cette idée, émise avec force au XIXe siècle par J. Boucher de Perthes, un haut fonctionnaire des douanes, pose ainsi les fondements d'une science nouvelle, la préhistoire. Le gisement éponyme se trouve dans les alluvions fluviales placées entre la haute et la très haute terrasse de la Somme, à la carrière Carpentier. Les sites de Saint Acheul à Amiens découverts vers 1850-1854 vont confirmer les théories de Boucher de Perthes.
Le terme « Abbevillien » fut employé par l'Abbé Breuil avant la Seconde Guerre Mondiale pour désigner des silex trouvés à Abbeville. Cette nomination a désormais laissé majoritairement place à celle « d' Acheuléen », au motif que les objets ainsi qualifiés et les « abbevilliens » se révélaient identiques. En effet, « l'Abbevillien » désigne une industrie d'aspect archaïque qui n'est peut-être qu'un ' faciès' de l'Acheuléen ancien.
Les « haches en pierre » dénommées par Boucher de Perthes appelées aujourd'hui bifaces ont été fabriquées depuis l' Homo Erectus jusqu'à l' homme de Neandertal Il présente une certaine symétrie, ce qui pourrait prouver, selon André Leroi-Gourhan (Paris, 1911-1986), spécialiste de la préhistoire, que « les premiers hommes […] recherchaient non seulement la fonction de l'objet, mais aussi la beauté de sa forme ». Les « bifaces abbevilliens » désignent aujourd'hui des bifaces relativement grossiers, taillés à grands éclats, façonnés au percuteur dur et aux tranchants sinueux. Ils conservent leur ' cortex' naturel à la base ou sur le côté, ce qui leur donne un aspect globuleux.
Caroline Jame
Avec le concours du service éducatif du musée Boucher de Perthes, Laurent Lombard
Compléments pédagogiques