Vanité

Franciscus GYSBRECHTS (Anvers, vers 1630 - ?, après 1680)
Deuxième moitié du XVIIe siècle
Huile sur toile
H. 101 cm ; L. 78,5 cm
Inv. 82.1.1
Soissons
Vanité de Franciscus GYSBRECHTS
© Michel Minetto © Musée de Soissons

Malgré un profond engouement pour la nature morte au XVIIe siècle, la peinture des vanités a pu échapper à la banalité des productions en série. On ignore presque tout de Fanciscus Gysbrechts, qui fut maître à la guilde des peintres de Leyde vers 1676-1677, et la partition entre son œuvre et celle de Cornélius Norbertus Gysbrechts reste affaire de spécialistes.
Cette toile représente une vanité. C'est un genre particulier de nature morte à implication philosophique dans laquelle les objets représentatifs des richesses de la nature et des activités humaines sont juxtaposés à des éléments évocateurs du triomphe de la mort.
D'un fond sombre et plein de mystère, émergent les signes de notre finitude dont témoignent d'abord le crâne, auquel répondent la montre, le sablier, les bulles de savon et probablement, car on la distingue mal, une chandelle qui s'éteint non loin du sablier.
Les autres symboles appartiennent à trois registres de la vie humaine : le violon et la flûte pour la vita voluptaria; la trompette et la couronne – vaine gloire des armes et du pouvoir – pour la vita activa; le livre et le recueil de gravures corné pour la vita contemplativa, à moins que ce recueil, par le paysage qui y est figuré, ne fasse signe vers une lecture qui aujourd'hui nous échappe.


Les riches pièces d'orfèvrerie rappellent la vanité des biens matériels et le seul élément rédempteur réside dans la couronne d'épis (symbole eucharistique) qui auréole le crâne, promesse évangélique de renouveau et de résurrection.
Les somptueuses étoffes aux franges d'or rehaussent de leur éclat précieux cette scénographie de nos fins dernières. La draperie de gauche, fort proche de ce qui pourrait être quelque étendard, évoque par sa couleur pourpre le triomphe et la gloire précaires des actions humaines; celle de droite, par sa couleur bleue, au contraire, fait peut-être signe vers le monde divin, vers ce qui ne se passe point.

Bibliographie :
D. Roussel (dir.), Guide des collections de peintures, éd. Musée de Soissons-ADMS 2008, p.28-29.

Dominique Roussel
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif du musée de Soissons

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