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Alexandre malade recevant le breuvage du médecin Philippe

En dépit des évolutions notables du goût dès la fin du règne de Louis XIV, la peinture d'histoire, qui puisait traditionnellement ses sujets dans l'Antiquité, dans la Bible et dans la mythologie, restait considérée comme le grand genre de la peinture française. Fondée sur des valeurs traditionnelles, cette peinture s'inscrivait dans la continuité de l'art majestueux et solennel du XVIIe siècle. Si, durant le siècle suivant, elle ne correspondait plus guère au goût du public, les grands peintres d'histoire de la période bénéficiaient toujours d'importantes commandes royales. Célébré pour ses peintures religieuses, Jean Restout se plaisait également à illustrer des sujets profanes et mythologiques. À la croisée de l'histoire et du mythe, la vie d'Alexandre inspira plusieurs œuvres à l'artiste ; celle-ci fut réalisée dans le cadre d'un concours lancé en 1747 par Le Normant de Tournehem, Directeur des Bâtiments du Roi et Charles-Antoine Coypel, Premier Peintre, afin de remettre à l'honneur la grande peinture d'histoire. Alors que son médecin était accusé de vouloir l'empoisonner, Alexandre, qui lui tendit la lettre l'incriminant, avait manifestement bu le breuvage sans crainte. Plusieurs versions de cet épisode existent et il n'est pas anodin que Restout ait opté pour celle de l'auteur latin Quinte-Curce, qui insista davantage que Plutarque sur la confiance aveugle dont témoigna le souverain.

Ce noble sujet faisait en outre probablement écho à la maladie contractée par Louis XV à Metz, en 1744, qui l'amena à renvoyer de la cour un certain nombre de ses proches. Au-delà de son caractère exemplaire, la scène, savamment mise en page, ne manque pas d'humanité : la pose alanguie d'Alexandre lui confère une présence éminemment sensuelle.

Laure Dalon
Conservateur du patrimoine
Avec le concours du service éducatif des musées d'Amiens, Pascale Guy et Françoise Morel

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